Le masque en crèche : y a-t-il un danger pour le développement de l’enfant ?

Depuis le 18 septembre dernier, le port du masque est rendu obligatoire dans les crèches pour les professionnels de la petite enfance. Ces nouvelles consignes ont suscité l’inquiétude de certains parents et professionnels de la petite enfance sur l’impact de cette mesure sur les jeunes enfants.

Le port du masque pour les professionnels en crèche, dont le ministre de la Santé a annoncé la généralisation, affecte nécessairement le quotidien des enfants. Nous avons rédigé un article sur le sujet des crèches facent au Covid-19. Pour Oliver Véran, l’obligation du masque vise à « limiter autant que possibles les contaminations d’adultes à enfants ». Maintenant, la question est de savoir si le port du masque par les adultes a des effets durables sur le développement cognitif des tout-petits ?

Le visage, au cœur des interactions enfants-adultes

Les expressions faciales fournissent des informations essentielles dans nos interactions quotidiennes avec les autres, c’est le cœur de notre communication émotionnelle. Réalité encore plus marquante avec les enfants, si l’on se réfère à la façon dont les adultes exagèrent leur expression pour se faire comprendre. Une part importante de leur émotionnel passe par une compréhension de leur environnement, ainsi la voix, le regard et même le toucher deviennent alors des paramètres importants, bien plus que les mots. C’est cela qui est aujourd’hui bousculé par le port du masque obligatoire, questionnant ainsi le rapport entre les professionnels de la petite enfance et les enfants.

Des relations moins privilégiées ?

Plusieurs études ont montré le rôle essentiel des liens stables, des interactions prévisibles et de qualité entre les petits et les adultes référents les accueillant en dehors de leur famille. Un environnement harmonieux et propice au partage émotionnel paisible permet la création de liens fort qui apportent aux jeunes enfants la sécurité psychique indispensable à leur bien-être immédiat, mais aussi à leur développement psycho-affectif. D’après Anna Cognet, psychologue clinicienne, « Le visage des adultes les aides à rentrer dans le langage, la communication et l’échange avec autrui ». Les masques pourraient alors devenir un facteur de stress et de repli pour l’enfant. Mais le professeur Pierre Fourneret, pédopsychiatre au CHU Lyon rassure que si « un bébé est capable d’ajuster sa communication en fonction des éléments (…) je ne vois pas en quoi un enfant, sauf cas particulier, n’auraient pas la capacité à s’ajuster. »

Le langage et le rôle primordial des parents

Les enfants sont en moyenne 5h/jour en crèche, ce qui est court sur une journée complète. Ils rentrent chez eux, voient leurs parents qui eux ne porteront pas de masques. Donc, on ne peut pas s’imaginer qu’il y aurait des risques de retard de langage ou de développement. L’orthophoniste Anne Dehêtre explique que « le principal mode de développement de langage de l’enfant, ce sont les parents qui le donnent. A la maison, les parents doivent absolument rester en interaction avec leurs tout-petits, surtout de 0 à 3 ans. ». Elle a lancé Allo-ortho.com, qui offre des conseils aux parents et a pour vocation de les rassurer.

Parmi ces deux types de structures, la micro crèche est la plus appréciée des familles car elle rassure de par son côté « familiale » et « cocooning ». Pour inscrire votre enfant en micro crèche, trouvez maintenant une place disponible ou contactez nos experts qui vous trouveront la crèche idéale proche de chez vous.

Des pistes de réflexion

Il n’existe encore aucune étude récente sur la question des masques et du développement de l’enfant, les analyses faites par les professionnels sont des conjonctures sur d’autres données. En attendant plusieurs initiatives sont envisagées afin de ne pas trop bouleverser les enfants, comme la mise en place de masques transparents pour améliorer la lecture labiale. La possibilité que les masques soient portés par les personnes symptomatiques uniquement, ou qu’ils soient tout simplement retirés lorsqu’on est à une certaine distance de l’enfant. La linguiste, Aliyah Morgenstern, préconise la formation des professionnels de la petite enfance pour « qu’ils insistent particulièrement sur la modulation de la voix, sur le reste du corps avec des gestes plus amples, se servir de leurs yeux et de leur voix… ». Faire passer l’affectivité par autre chose, rendre la voix plus expressive, plus adaptée à ce qu’on voudrait dire. Ce sont ces choses là qui vont permettre de compenser cette part affective que véhicule le visage.

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